mardi 9 novembre 2010

Étape 5: "Graffitir" son quotidien



J'ai la chance de travailler dans le fulminant Mile-End, un ancien cartier industriel maintenant complètement revu, recyclé et réaménagé. Les bâtiments nous confient, leurs âges par des briques abîmées, dépareillées, des colonnes crayonnées et peintes en couches. Le temps qui fait son œuvre se voit marqué par des artistes remplis d'audace qui parfois revendiquent, des fois y trouvent simplement un nouveau fond pour leurs toiles. Tout ça a pour moi un petit quelque chose de charmant, de vivant. Si la ville de Montréal a depuis longtemps déclaré la guerre aux graffiteurs, celle-ci est toujours bien loin d'être gagnée.

La rue de Gaspé, c'est une véritable galerie d'art en plein air : les couleurs, les personnages, les messages. Tout est mis en place pour attirer l'attention de différentes façons. Les graffitis dénotent une forme d’expression qui révèle des intentions parfois politiques, parfois simplement artistique. Bref, une forme de création qui peut aussi en dire long sur une culture. Si nos graffitis montréalais sont encore loin de révéler l’intensité des cris de liberté de ceux qui couvrent le mur de Berlin, il n’en reste pas moins que les artistes d’ici témoignent d’une sensibilité et d’un humour qui nous est propre et qui me rend fière. Qu’ils soient commandés par les propriétaires d’immeubles ou peint sur les murs d’édifices de façon tout à fait illégale, les graffitis se répandent très rapidement à Montréal. D’année en année, ils prennent forme dans différents lieux et le Mile-End semble un endroit fort convoité pour ce type d’art. Les édifices et le paysage urbains sur lesquels prennent vie couleurs et formes sont peu surveillés et donnent un second souffle aux anciennes usines maintenant complètement désaffectées. Les rues, ruelles, viaducs et places publiques sont bien souvent pris d’assaut par des artistes qui tentent de donner un sens à leur art et encore mieux... donnent vie à des idées et à des personnages qui ne demandent qu’à être entendus. Comme une ville fantôme qui prend un nouvel envol, les tons gris et maussades d’édifices qui cachent le soleil laissent place aux couleurs disparates qui attirent la lumière et mettent une touche particulière, à coup de baguette magique ou de pinceau, de pochoir et de bombonnes colorés. Tout ça devient une oeuvre collective pour laquelle les créateurs collaborent en créant des murales, et ce, sans trop le savoir. Une exposition en temps réel ! Une touche humaine à des techniques que nous pourrions très probablement voir dans des musées. Seulement, plusieurs de ces artistes n’ont par comme objectifs d’y paraître. Un art très engagé qui profite d’une visibilité accrue, et heureusement pour eux les habitants du Mile-End et travailleurs des édifices voisinant Ubisoft sont enclins à avoir l’oeil attentif à ses petits plaisirs de la vie !

Les paysages se voient convertis et complètement renouvelés par ces artistes méconnus qui ont pourtant pignon sur rue. Ce type d’art n’a pas toujours la cote mais pourtant il enjolive grandement mon quotidien et s’il réussit à me faire sourire et me questionner il peut certainement réussir à aller chercher une impression de la part de ses spectateurs !

La vivacité d’esprit des artistes montréalais qui utilisent la ville comme terrain de jeu vaut définitivement le détour.

Éthique ou non l’art de rue ? Je crois que tout dépend du message qu’il véhicule et de l’endroit ou il prend racine!

(Rue de Gaspé et Bernard Est à partir de McGuire /La piste cyclable près du boulevard Rosemont longeant la voie ferrée)




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